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L’éthique en entreprise – davantage qu’un phénomène de mode?
Article paru dans la 15e édition du guide de carrière Career Starter, 2011.
L’éthique en entreprise – davantage qu’un phénomène de mode?
Par le Prof. Dr Markus Huppenbauer,
Directeur de recherches universitaires,
Centre d’éthique de l’Université de Zurich
Une entreprise peut-elle investir dans un pays dont le gouvernement ne respecte pas les droits de l’homme ? La direction d’une entreprise peut-elle offrir de l’argent en échange d’un contrat ? Les salaires des dirigeants doivent-ils être limités ? Les entreprises doivent-elles verser des salaires minimaux ? Autant de problématiques actuelles en rapport avec les entreprises et leur comportement.
Ces questions ne préoccupent pas seulement les spécialistes de l’éthique ou les idéalistes qui rêvent d’un monde meilleur. Depuis plusieurs années, elles intéressent aussi les dirigeants dont les entreprises se sont mises à formuler des codes de bonne conduite et des programmes de responsabilité sociale (Corporate Social Responsability). Assisterions-nous à un simple phénomène de mode ?
Pas facile de trancher, car d’un côté, bon nombre d’entreprises et de dirigeants se sont rendus compte qu’il n’était pas sain de ne chercher qu’à augmenter les bénéfices ou accroître le cours des actions. Ils accordent désormais tout autant d’importance à un bon produit ou une excellente prestation, à la satisfaction des collaborateurs et des clients, ou encore à une participation active du personnel à leur société. Dans ces milieux, on mise sur une culture d’entreprise éthique et sur l’intégrité morale des collaborateurs. D’un autre côté, on a parfois l’impression que le principe d’éthique de certaines entreprises est plus opportuniste qu’autre chose. On y parle d’éthique parce que c’est à la mode et que cela répond aux attentes. Si le public venait à ne plus s’en préoccuper, la question de l’éthique passerait alors vite à la trappe.
La crise économique et financière toute récente a également nourri un certain scepticisme envers l’éthique dans les affaires : à l’apogée de la morosité, les médias rivalisaient de critiques morales et prônaient la nécessité de nouvelles valeurs, mais à peine la situation s’est-elle détendue que les velléités éthiques se sont gentiment tues. On en est revenu au bon vieux business as usual, si possible sans restrictions ni compromis éthiques.
Je reviendrai à ces considérations en fin d’article, pour s’interroger sur ce qu’est l’éthique en fin de compte.
L’éthique ou la capacité de réfléchir
La question de l’éthique porte sur deux axes :
- En tant que personne ou entreprise, quelles sont les normes et valeurs morales censées guider nos actes ?
- Quel genre de personne souhaiterais-je être ? Ou quelle entreprise souhaiterions-nous être ?
Les éthiciens sont d’avis que la réponse à ces questions ne relève pas simplement de la sphère privée ou d’opinions subjectives, mais qu’elle découle plutôt de réflexions collectives et rationnelles sur les normes et valeurs morales qui devraient diriger nos actes au quotidiens, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises. Dans cette perspective, nous pouvons affirmer que l’éthique est une réflexion sur la manière d’agir correctement et sur la façon de vivre ensemble équitablement. En ce sens, réfléchir c’est :
- définir les normes et valeurs morales que nous défendons (comme la loyauté, l’honnêteté, l’intégrité, le respect, etc.)
- ne défendre que des positions pour lesquelles il existe des arguments et motifs pertinents, compréhensibles par d’autres personnes.
Vue sous cet angle, l’éthique ne consiste donc pas à prendre fermement position pour certains intérêts ou certaines opinions. En tant que réflexion, elle est d’abord une attitude impartiale et analytique, basée sur des arguments.
Evidemment, nous ne réfléchissons pas constamment à nos actions quotidiennes dans la sphère privée ou au travail. Les normes et valeurs morales comme la loyauté, l’honnêteté et l’intégrité sont défendues tout naturellement par de nombreuses personnes (également dans leur rôle d’employés). Pour elles, il va de soi de vivre et d’agir selon ces valeurs dans les situations de la vie quotidienne. Et même si l’on n’est pas toujours des saints, nous ne sommes pas souvent des canailles sans scrupules. Prétendre que les êtres humains ne cherchent qu’à contenter leurs propres intérêts est un préjugé économiste. Nous sommes des êtres sociaux dotés d’empathie et prédisposés à coopérer.
Ces idées sont aussi valables dans le monde des affaires. Un code de conduite comme le pratiquent tant d’entreprises de nos jours explicite les normes et valeurs morales susmentionnées. Les programmes dits éthiques appliquent ces normes et valeurs au sein de l’entreprise, souvent par le biais de la communication et de la formation, mais aussi par l’adaptation des modes de conduite ou des buts départementaux et par des conventions d’objectifs avec les collaborateurs. Autant d’évolutions positives.
Toutefois, il me semble que les entreprises n’attachent pas assez d’importance aux éléments cognitifs de l’éthique, à savoir l’éthique en tant que réflexion, comme cela a été développé plus haut. L’action passe avant la compréhension et l’analyse de la situation. Il n’est pas toujours évident d’interpréter les normes et valeurs morales de notre vie quotidienne, et encore moins celles réunies dans un code de conduite. Que signifient-elles concrètement au regard de nos actions ? Personne ne conteste que la loyauté est une valeur importante, mais comment l’appréhender dans des situations concrètes, par exemple en matière de salaire équitable ou d’évaluation des performances et de promotion. Ici aussi, l’éthique présuppose la capacité de réfléchir.
L’intégrité morale dans les domaines sensibles en matière d’éthique
Les professions, les rôles et les fonctions créent de nombreuses tensions dans les entreprises : « Je souhaite bien conseiller ce client qui nous est fidèle depuis de longues années, mais cela impliquerait de lui déconseiller d’acheter un produit que nous lui proposons », ou : « J’essaie de me conduire avec intégrité dans le privé, mais au travail, la pression que je subis sur mes résultats en tant que responsable est tellement forte que la défense de mes valeurs devient illusoire », etc. Ces dilemmes d’ordre éthique font partie de la condition humaine et du monde des affaires, mais comment les gérer ?
La gestion des tensions d’ordre éthique fait appel à l’intégrité personnelle et morale des personnes impliquées. Autrement dit, les personnalités intègres suivront toujours leurs valeurs sociales (loyauté, respect, honnêteté, etc.) indépendamment du rôle qu’elles exercent ou de la situation.
L’intégrité morale, c’est ce que l’on est en droit d’exiger des entreprises et de leurs collaborateurs, qui sont en fin de compte les principaux défenseurs des intérêts de l’entreprise et de ses partenaires, même si cela n’est pas toujours simple et évident. Pour agir correctement sur le plan moral et conserver son intégrité face à des dilemmes d’ordre éthique, dirigeants et employés doivent faire preuve d’endurance, de courage, de talent et de créativité. Le jeu en vaut cependant la chandelle, comme l’a rappelé l’éthicien de l’économie Robert C. Solomon : « Good employees are good people ». Les entreprises et la société seront donc gagnantes si elles considèrent l’intégrité morale comme un but supérieur, même dans les milieux économiques.
Allier éthique et début de carrière professionnelle
Il est difficile de savoir si les entreprises sont sincères en matière d’éthique et si leur engagement est plus solide qu’un phénomène de mode. Personnellement, je constate que dans les milieux économiques, de plus en plus de monde accorde de l’importance aux normes morales. Consommateurs, investisseurs ou citoyens agissent au nom de ces valeurs. Ces personnes – et avec elles toujours plus de dirigeants – sont convaincues que la réussite économique n’est durable que si les êtres humains dépendant des activités d’une entreprise ou concernés par celle-ci sont traités avec respect. L’éthique sera davantage qu’un phénomène de mode si le nombre de personnes convaincues par ces valeurs s’impliquent dans la mise en œuvre de normes éthiques.
Les jeunes gens qui entrent dans le monde du travail devraient donc être conscients de ce que cela implique de travailler pour tel employeur ou telle entreprise. La profession et le travail étant déterminants dans la réussite d’une vie, il s’agit de choisir son environnement professionnel avec le plus grand soin. Le montant du salaire est une chose, mais les valeurs d’une entreprise, de ses produits et de ses prestations en sont une autre.
En prêtant attention au sens de l’éthique de leur futur employeur, les jeunes diplômés contribuent à consolider l’éthique dans les milieux économiques.
En savoir plus:
Le professeur Markus Huppenbauer est directeur de recherches universitaires au Centre d’éthique de l’Université de Zurich. En collaboration avec Barbara Bleisch, il a rédigé une introduction à l’éthique facilement accessible, pour les étudiants de tous horizons et les praticiens en entreprise, dans les administrations et les ONG : Barbara Bleisch / Markus Huppenbauer, Ethische Entscheidungsfindung: Ein Handbuch für die Praxis, Versus Verlag 2011.